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Petit Actionnaire

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Interview avec le Petit Actionnaire

Par Le 12/06/2019

​Voici l'interview de Clément, l'auteur du site "le Petit Actionnaire". Comme beaucoup d'entre nous, c'est un investisseur particulier, qui a choisi une stratégie basée sur les actions à dividendes "sûrs". Si vous ne le connaissez pas encore, vous allez le découvrir grâce aux questions que je lui ai posées. C'est parti !

 

  • Bonjour Clément, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour Axel. Je me prénomme Clément, alias "le Petit Actionnaire". Je suis un jeune père de famille de trente et un ans, et j'ai comme passions l'astronomie et la bourse. Passions que j'ai développé de façon auto-didacte. Si j'aime apprendre de nouvelles choses, je déteste suivre des enseignements pré-établis. Il faut que j'ai le contrôle : "où", "quoi" et "comment".


 

  • Votre site se nomme "le Petit Actionnaire". Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Tout simplement parce que je suis un petit actionnaire ! C'est aussi simple que cela.

Je m'intéresse à la bourse depuis mon plus jeune âge. À la fin des années 90, alors que tous les enfants de 10 / 12 ans étaient plus préoccupés par la musique et le foot, j'écoutais la radio France Info en boucle. J'attendais avec un certain intérêt le point bourse, qui avait lieu toute les demi-heures.

Adolescent (en plus de mon grand intérêt pour la station radio évoquée ci-dessus), je m'achetais de temps à autres des journaux financiers. Je feuilletais déjà les cours des principales actions françaises. Nous étions au début des années 2000, et mes parents n'avaient pas encore souscris à un abonnement internet.

Vers le 15 / 16 ans, mes parents sont même allés jusqu'à prendre rendez-vous avec leur conseillère bancaire afin de se renseigner sur la façon d'acheter des actions. Manque de chance (pour moi), cela n'a pas été plus loin que ce rendez-vous en agence.

Il était donc tout naturel pour moi, lors du lancement de mon site, de prendre ce pseudonyme du Petit Actionnaire. En plus ça tombait bien, l'adresse internet petit-actionnaire.fr n'était pas encore enregistrée et n'attendait que moi :)


 

  • Pour investir en bourse, vous devez forcément avoir une excellente situation financière ? Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir faire cela !

En effet, j'ai une bonne situation financière. Elle me permet d'épargner chaque mois, et même d'investir. Je peux même vous dire que ma situation financière est bien meilleure que nombre de français.

Pourtant, et cela va certainement vous étonner, les revenus de mon ménage nous placent, Madame et moi, en plein dans la classe populaire... Tous deux fonctionnaires de catégorie C (en bas de l'échelle pour ma compagne, et à peine plus haut pour mois) nous ne gagnons à nous deux que 2,5k€ nets par mois. Soit l'équivalent d'un SMIC chacun.

Malgré tout, une bonne gestion financière (ne pas dépenser plus que nécessaire pour vivre correctement, ne pas gaspiller notre argent, ...) permet de très bien s'en sortir et d'investir chaque mois quelques centaines d'euros supplémentaires.


 

  • Partant de là, pourquoi avez-vous choisi d'investir selon une stratégie dividendes ?

D'une part, je suis totalement incapable de lire un rapport financier et donc d'effectuer la moindre analyse poussée quant à la situation financière d'une société. Peut-être (probablement) que si je m'en donnais les moyens, j'y parviendrais. Mais cela ne m'intéresse pas. À moins d'investir "au pif", cela réduit considérablement les stratégies à ma portée.

D'autre part, je trouve intéressant le concept de dividende. Il s'agit de transformer une partie de la valeur d'une société en cash, et de distribuer celui-ci aux actionnaires. Il n'y a aucun enrichissement, puisque lorsqu'un dividende est versé (je simplifie les choses) le cours de la société diminue d'autant. Ce que l'actionnaire touche en cash, il le perds sur la valeur de ses titres.

Néanmoins, il est relativement aisé de "débusquer" les sociétés intéressantes du point de vue de leur dividende. Et celles-ci ne sont pas nécessairement (bien au contraire) celles proposant les plus gros rendements. J'ai d'ailleurs publié une analyses des "meilleurs dividedes" du CAC 40 (https://petit-actionnaire.fr/strategie-dinvestissement/meilleurs-dividendes-cac-40-2019/) et du SBF 120 (https://petit-actionnaire.fr/strategie-dinvestissement/meilleurs-dividendes-sbf-120-2019/).

Partant de là, après quelques tâtonnements à mes début en bourse, j'ai opté pour une stratégie d'investissement à base de perception de dividendes.


 


 

  • Quels sont vos objectifs ?

Ils sont multiples. Tout d'abord, comme évoqué précédemment, la bourse est quelque chose qui m'intéresse depuis plus de vingt ans, alors que j'étais à peine âgé d'une dizaine d'années. Il est donc primordiale, de mon point de vue, de prendre du plaisir à investir sur les marchés financiers.

Ensuite, il est vital d'être terre à terre. Le plaisir c'est bien et c'est important. Mais il s'agit tout de même d'investir de l'argent que je gagne en vendant ma force de travail. Il faut alors obligatoirement que cela me rapporte quelque chose de concret.

Étant bien conscient que la chose la plus importante au monde est le temps, j'ai bien l'intention d'utiliser mes dividendes perçus afin de m'en "acheter". Dit autrement, le temps passé est perdu. Personne ne peut revenir dessus. Le temps futur, lui, est compté. Le seul temps qui puisse être un minimum "maîtrisé", c'est le temps présent. Aussi, plutôt que de passer une grande partie de mon temps "au travail" j'aimerai bien pouvoir le gérer comme bon me semble.

Devenir rentier serait l'idéal. Mais d'un point de vue financier, ce n'est guère envisageable pour moi. Je vise donc la possibilité de réduire, au fil des ans, mon temps de travail. Cela me permettra notamment de passer plus de temps avec ma famille.

Je devrais, d'ailleurs, être en mesure de commencer à travailler (un peu moins) d'ici quelques mois. Pour commencer ce sera de "seulement" 10%. Mais ce sera déjà un bon début.


 

  • Selon vous, est-ce à la portée d'investisseurs débutants ?

Tout à fait... À la condition expresse de se former au préalable. Car même si une stratégie dividendes peut sembler "facile" à mettre en place, il est absolument nécessaire de savoir et de comprendre ce dans quoi on s'engage.

Il faut comprendre ce que sont les dividendes, appréhender leurs mécanismes (détachement, versement, ajustement du cours, fiscalité). En soit tout ceci est relativement simple. À condition de se donner un peu de temps pour l'assimiler.

Outre l'aspect financier, l'aspect psychologique ne doit pas être négligé non plus. Chaque investisseur (qu'il soit débutant ou confirmé) n'est pas forcément près à perdre 50% de la valeur de son capital en cas de krach boursier. Pourtant les krachs font partie de la bourse et des marchés financiers.

 

 

  • La bourse est monde sans pitié. Elle est faite de hauts de bas. J'imagine qu'il est plutôt facile de gérer les "hauts". Mais qu'en est-il des "bas" (les krachs boursiers) ?

Je ne m'en cacherais pas. Je n'ai encore jamais vécu (en tant qu'investisseur) de krach boursier. La plus grosse correction que j'ai connu jusqu'à présent est celle de fin 2018. Soit une baisse des marchés de l'ordre de 15 / 20%.

Moiui adore acheter sur des baisses des marchés, j'étais vraiment heureux de pouvoir acquérir de belles sociétés à des prix allant en diminuant. Peu importe le fait que mon portefeuille affichait une moins-value latente. Ce qui comptait était simplement d'acheter à moindres coûts.

Car dans une stratégie dividendes, il convient de faire abstraction des variations court terme des cours boursiers. Ce qui compte ce n'est pas tellement que le portefeuille ai perdu ou gagné 5%, mais plutôt que les dividendes continuent d'augmenter au fil des ans.


 

  • En parlant de krach, que pensez-vous de la situation actuelle des marchés ?

Comme je l'indique dans mes rapports d'opérations (https://petit-actionnaire.fr/category/strategie/), je n'ai pas la moindre idée de ce que sera l'évolution des cours à court et moyen terme. Partant de ce constat, je fais le choix d'investir régulièrement. Ce sans me focaliser sur les cours en eux-même.

Il ne fait, cependant, qu'un doute qu'un krach boursier aura lieu dans un avenir plus ou moins proche. Seulement je ne sais pas quand. Les guerres commerciales que mènent Donald Trump et ses acolytes sont clairement un point noir. Tout comme le sont le risque de brexit "dur", mais aussi les craintes quant à l'économie italienne.

Ayant une stratégie d'investissement (très) long terme, ces turpitudes ne sont pas de nature à m'inquiéter outre mesure. Si les cours devaient une nouvelle fois baisser sensiblement... je ferai baisser les PRU. Je dirais donc : Même pas peur


 

  • Quels rentabilité attendez-vous de votre portefeuille d'actions à long terme ?

J'investis selon une stratégie dividendes. Mon objectif premier est d'obtenir un rendement pérenne, année après année. Dans ce type de stratége, il est important de ne pas se focaliser sur les variations court / moyen terme des titres possédés dan le portefeuille.

Bien sûr, on ne choisi pas une action à dividendes comme on choisi je paire de chaussettes au supermarché. Le niveau de rendement ne fait donc pas tout. Il faut s'assurer que la situation financière / économique de l'entreprise est bonne. On peut aussi s'intéresser à son historique de versement (et de croissance) du dividende. Ce fut d'ailleurs l'objet de mes analyses des meilleurs dividendes français, évoquée un peu plus tôt dans cet entretien.

Partant de là, si le choix des sociétés est bien fait, il est possible de voir le niveau du dividende croître au fil des ans, et, cerise sur et gâteau, voir le cours de celles-ci augmenter. C'est ce que j'essaye de viser via mes achats récents.

Au niveau des dividendes, je pense que viser un rendement global de 4 à 5% brut est un objectif correct. Celui-ci permet d'avoir un portefeuille équilibré, avec des valeurs aux rendements "faibles" (LVMH, L'Oreal, ...) présentant de belles perspectives de croissance, et des valeurs aux rendelent plus élevés (Bouygues, Sanofi, ...) qui, à priori, ont un potentiel de croissance moins important.

J'estime donc qu'obtenir une croissance globale du portefeuille de l'ordre de 4 à 5% (hors dividendes) serait une bonne chose. Couplé aux dividendes, je pense qu'il n'est pas intéressant de viser une croissance globale de 8 à 10%.


 

  • Souffrez-vous de la mauvaise image qu'ont les actionnaires ?

Non, je n'en souffre pas particulièrement. Néanmoins, je regrette ces préjugés. Les actionnaires sont souvent perçus comme les "méchants", ceux qui veulent gagner de l'argent avant toutes choses, etc... C'est dommageable. Car il ne faut pas oublier que sans leurs actionnaires, des dizaines de milliers de sociétés à travers le monde (parmis lesquelles les plus grandes et plus connues) ne pourraient pas fonctionner. Les actionnaires apportent de l'argent aux sociétés lorsque celles-ci se developpent, et s'introduisent en bourse. Une fois l'introduction effectuée, les actionnaires s'échangent les actions en "seconde main", et participent ainsi à soutenir la vie de la société. Car une action qui vaut zéro, c'est une société en faillite. C'est je société dont le business modèle ne vaut plus rien.

De plus, être actionnaire est à la portée de tous. Même le petit épargnant qui économise 100€ par mois est susceptible de pouvoir acheter des actions. L'ouverture d'un PEA ou d'un CTO ne prend que quelques minutes et ne coûte rien du tout. Aujourd'hui il est même possible de passer de petits ordres de bourse pour seulement quelques dizaines de centimes ! Tout est réellement en place (techniquement parlant) pour que le plus grand nombre de personnes ait accès à l'actionnariat. Il ne manque, malheureusement, que le plus important... un changement de mentalité.

Ceci fait qu'en France il n'est pas aisé de parler bourse, dividendes, actions et autres plus-values. C'est pour cela que je fréquente le Forum des Investisseurs Heureux (https://devenir-rentier.fr), sur lequel il n'est pas tabou de parer argent et croissance du patrimoine. Si j'en avais la possibilité j'aimerais pouvoir parle de ces choses avec mon entourage. Mais, au jour d'aujourd'hui, c'est totsimplement impossible.


 

  • Vous oubliez un ouvrage intitulé le Guide de l'Éducation financière. Quelle est sa finalité ? Comment avez-vous eu l'idée de mener à terme un tel projet ?

Cet ouvrage, à parraître dans les jours qui viennent (https://petit-actionnaire.fr/le-guide-de-leducation-financiere/), a pour but de partager ma vision de l'Éducation financière. J'estime que c'est un apprentissage qui devrait être obligatoire dès l'adolescence. L'argent est clairement ce prédomine dans le monde d'aujourd'hui. Il me semblerait normal d'inculquer quelques notions de base aux "jeunes"... afin qu'ils ne commettent pas certaines erreur.

Lesocis est que cet apprentissage est a la charge des parents. Alors dans l'absolu, ce n'est pas un mal. L'école n'est pas là pour se substituer à ces derniers. Pourtant, le gros soucis dans tout cela, c'est que les parents eux-mêmes n'y connaissent rien du tout. Combien se contentes d'ouvrir un simple Livret A à leurs enfants, alors même qu'un CTO ou un Assurance Vie serait très largement préférable ? Combien inculquent réellement la valeur de l'argent à leur progéniture ? La grande majorité des parents ont d'énormes lacunes à ce niveau là. Ils sont tout simplement dans l'incapacité d'eduquer, d'un point de vue financier, leurs enfants.

C'est là qu'intervient le Guide de l'Éducation financière. Il s'agit d'une reprise d'une vingtaine d'articles publiés sur mon site (https://petit-actionnaire.fr), lesquels sont organisés de façon à créer un cheminement logique dans l'apprentissage des bases de l'Éducation financière.


 

  • Pour conclure, que souhaiteriez-vous dire à un jeune investisseur qui envisagerait de laencer en bourse ? Quels seraient les conseils de base que vous lui promulgueriez ?

Tout d'abord, je dirais à ce jeune investisseur qu'il a raison de vouloir se lancer. Que ce soit en bourse, ou, par exemple en immobilier. Peut importe les discours alarmistes / décourageants qu'il risque probablement d'entendre de la part de son entourage. Si la volonté et l'enviesont là,il ne faut surtout pas les réprimer.

Néanmoins, avant de se lancer, il convient de se former. Que ce soit via la lecture d'ouvrages, la participation a des forums... par contre, attention aux formations payantes (souvent plusieurs milliers d'euros) qui peuvent être proposées et qui sont censées vendre des "méthodes miracles".

Ensuite, la première des démarches à effectuer est la base de l'Éducation financière. Il faut avant tout se créer une épargne de sécurité. Il est généralement conseiller de constituer celle-ci à hauteur de trois à six mois de revenus. Une fois complétée, il est possible d'envisager le début de ses investissements.

D'un point de vue tout aussi général, certains préceptes doivent absolument être respectés. Tels qu'avoir un patrimoine diversifié (actions, immobilier, obligations), ou encore, n'investir que des sommes dont vous n'aurez pas besoin à court ou moyen terme, et surtout que vous pouvez vous permettre de perdre. Car il ne faut jamais l'oublier ; investir en bourse présente des risques de perte en capital.