dividendes en Bourse

Investir en Bourse : Les dividendes mis à nus

Par Le 23/02/2019

Article écrit par "Le Petit Actionnaire". Cet investisseur particulier a mis en place une stratégie d'investissement basée sur des valeurs sûrers, servant des dividendes généreux et en croissance, afin de profiter au mieux de l'effet des intérêts composés.

Site internet : https://petit-actionnaire.fr

 

Les dividendes mis à nus

 

Autant décriés qu'adulés, ils sont régulièrement sous les feux de la rampe. Chaque année, leur "saison" ne laisse personne de marbre. De l'investisseur à l'anti-capitaliste, tous en parlent... avec des points de vue totalement opposés. "Ils", ce sont les dividendes. Mais au final, de quoi s'agit-il réellement ? Sont-ils vraiment une mauvaise chose ? Qui peut en profiter ? Comment mettre en place une stratégie "dividendes" ?

Le Petit Actionnaire, vous dit tout. Développant une stratégie "dividendes" et principalement exposé au marché français, j'ai pour ambition de rendre accessible à tous les marchés financiers, tout en dédiabolisant les dividendes.

 

Les dividendes : De quoi s'agit-il ?

 

Pour rester dans la simplicité, un dividende peut se définir comme étant une partie du bénéfice qu'une société décide de reverser à ses actionnaires. Son montant est décidé chaque année par le Conseil d'Administration, selon les résultats de l'exercice précédent. Il est ensuite soumis au vote des actionnaires lors de l'Assemblée Générale de la société.

En France (et en Europe) les les sociétés versant des dividendes le font en majorité en une seule fois. Il arrive cependant que certaines décident de le verser en deux fois, et d'autres en quatre fois (un fois par trimestre). Aux Etats-Unis par contre, il n'est pas rare de trouver des sociétés le versant chaque mois.

Il est à noter que le versement d'un dividende n'est aucunement une obligation. Il revient à chaque entreprise (côtée en bourse ou non) de faire le choix d'en verser ou pas.

Pourquoi les dividendes sont-ils si décriés ?

 

Chaque année, lorsque vient la "saison des dividendes" (mai et juin), la même rengaine refait inlassablement surface. Les actionnaires "dépouillent" l'entreprise, ils "volent" les salariés. En cause ? Le montant de ces dividendes. Ainsi, en 2018 ce sont plus de 57 milliards d'euros qui ont été reversés à leurs actionnaires par l'ensemble des 40 sociétés formant l'indice phare de la bourse de Paris, le CAC 40.

Il est vrai qu'énoncé ainsi, ce montant peut sembler ahurissant. Pourtant, rapporté à la capitalisation boursière totale de ce entreprises (environ 1600 milliards d'euros), le montant des dividendes versés par celles-ci ne représente "que" 3,5% de leur valeur totale. Une fois remis dans leur contexte, ces 57 milliards sont donc "peu de choses".

Il n'en reste pas moins que les actionnaires sont également accusés de se servir sur le dos des salariés. En particulier lorsque le montant des dividendes versés est supérieur aux primes qui peuvent être accordées à ceux qui font vivre les entreprises. Cela peut s'entendre. Il convient néanmoins de raison garder :

 

  • Les salariés sont rémunérés chaque mois pour le travail fourni. Cette rémunération est réglementée et définie par contrat.
  • Les actionnaires investissent leur argent dans l'entreprise. Ils la supporte, dans le sens où sans eux, si personne ne voulait acheter les actions de ladite société, elle ferait faillite. Le dividende sert donc en quelque sorte, à rémunérer les actionnaires des risques pris (faillite, ...) en y investissant leurs argent.

 

A noter qui plus est qu'il est tout à fait possible d'être salarié d'une entreprise, mais également actionnaire. Cela permet donc de toucher sa part des dividendes versés. A supposer bien sur que la société en verse.

Malheureusement, il est difficile de faire évoluer les mentalités. Et le montant des dividendes que les entrerpsies du CAC 40 verseront en 2019 risque encore de faire couler beaucoup d'encre.

                Et pourtant...

 

Toutes ces "polémiques répétitives" sur l'enrichissement des actionnaires via le diviende sont totalement infondées. Ce pour la bonne raison qu'en aucun cas le versement d'un dividende n'enrichit l'actionnaire qui le perçoit.

Tout simplement parce que lorsqu'une société verse un dividende, le montant de celui-ci s'impute sur sa valeur. C'est à dire que le jour du détachement d'un dividende, le cours de bourse de la société baissera du montant dudit dividende. Ainsi, ce que l'actionnaire reçoit comme argent, l'action de la société le perd. Il n'y a donc aucun enrichissement, mais plutôt un transfert de valeur.

Et encore... Lors du versement d'un dividende, celui-ci est imposé lorsque perçu sur un Compte Titre Ordinaire. De fait, l'Etat prélève sa part. C'est un manque à gagner pour l'actionnaire, mais un plus pour la collectivité.

Mettre en place une stratégie orientée vers les dividendes

Si vous êtes vous aussi convaincus que toucher des dividendes n'est pas quelque chose de néfaste, peut-être souhaiteriez-vous mettre en place une stratégie d'investissement axée sur les dividendes ?

 

Les pré-requis avant d'invetir en bourse

 

Avantoutes choses, il faudra ouvrir un Plan Epargne Actions (PEA) et/ou un Compte Titre Ordinaire (CTO). Ces deux enveloppes permettent d'y loger des actions.

  • Le PEA est très avantageux fiscalement parlant, mais il ne permet d'acquérir en son sein que des sociétés dont le siège social est situé en Europe. Ses avantages fiscaux sont également soumis à une certaine durée de détention. A noter qu'il n'est plus possible de posséder des sociétés "foncières" dans un PEA.
  • Le CTO est beaucoup moins avantageux d'un point de vue fiscal. Il permet néanmoins de loger des sociétés installées partout à travers le monde, ainsi que des "foncières".

Ces deux supports peuvent être ouverts aussi bien auprès d'un établissement bancaire classique qu'auprès d'un courtier en ligne. Il est d'ailleurs conseillé de privilégier ces derniers, lesquels présentent généralement des frais bien moins importants. Les noms revenant le plus souvent sont Bourse Direct, Boursorama et Binck. Il y a aussi De Giro, mais ce derner étant basé aux Pays-Bas, il n'est pas possible d'y ouvrir de PEA.

Voilà pourles pré-requis que je qualifierai de "techniques". Car il faut aussi se préparer mentalement. Investir en bourse, ce n'est pas comme aller acheter sa baguette de pain chaque jour. C'est quelque chose qui doit être murement pensé et réfléchi. Il y a notamment deux règles primordiales à toujours avoir en tête :

  • L'investissment boursier (comme n'importe quel autre investissement existant) présente des risques de perte en capital. Toute personne qui avancerait le contraire serait à coup sur malhonnête.
  • Il ne faut jamais investir en bourse (ni dans n'importe quel autre investissement) de l'argent dont vous pourriez avoir besoin à court ou moyen terme. L'investissement boursier (j'exclue donc la spéculation tels que le forex ou le day trading) doit se faire avec un objectif de plusieurs années minimum.

 

Décider de sa stratégie

 

Il existe un grand nombre de stratégies d'investissement boursier. Je vais supposer ici qu'il s'agit d'une stratégie dividendes, puisqu'il s'agit du sujet de cet article.

Comprenez qu'une telle stratégie ne vous permettra pas de devenir riche. Son but n'est pas de décupler l'investissement initial comme peut le chercher à le faire un investisseur ayant une approche "value". Avec le dividende, tout dépendra en fait du montant que vous serez en mesure d'investir.

Ainsi, en choissant une approche plutôt sûre, il est possible d'envisager un rendement annuel sur dividende de 2 à 3% brut. En élargissant un peu plus son horizon d'investissement, il est tout à fait possible de viser du 5 à 6% brut, sans pour autant que la prise de risque soit excessive. Au delà de ces 5 à 6% brut, j'estime que l'on entre dans la spéculation plus que dans l'investissement.

A titre personnel, je me suis fixé comme objectif un rendement de 5% brut. Pour y parvenir j'ai aussi bien des sociétés "de bon père de famille" versant moins de 3% de dividende (par exemple L'Oréal et Danone) que d'autres un peu plus "sportives" offrant plus de 8% à l'heure actuelle (par exemple Mercialys).

 

Choisir les bonnes sociétés

 

La stratégie étant au point, il faut maintenant parvenir à faire des choix cruciaux pour l'avenir : les sociétés à acquérir dans son portefeuille. C'est là que tout se joue pour vous. Si vous faites de "mauvais" choix, vous risquez de mettre en péril la totalité de votre capital. Aussi, certaines règles de base doivent être respéctées afin de limiter les risques au maximum.

  • Tout d'abord, il ne faut jamais investir dans une société uniquement parce qu'elle arbore un haut dividende. Par "haut", j'entends > 5 ou 6% par an. En effet, dans la grande majorité des cas, les entreprises proposant de forts dividendes sont des sociétés présentant des difficultés. Celles-ci cherchent alors à tout prix à retenir leurs actionnaires actuels, voire à en attirer de nouveaux. Ces derniers étant alors attirés uniquement par le dividende.
  • Il faut aussi regarder l'historique de chaque société en matière de versement de dividende. Ainsi, il ne faut retenir que celles en versant depuis au moins dix années consécutives. Mais ce n'est pas tout. Il est fortement conseillé de choisir celles dont le dividende augmente chaque année. Leur nombre étant plutôt limité, il peut aussi être intéressant d'élargir ses critères de choix à celles n'ayant jamais baissé leur dividende au cours des dix dernières années. Encore une fois, cela ne garanti absolument rien pour l'avenir. Néanmoins cela a de quoi rassurer un minimum.
  • Pour finir, il convient également de regarder quelques informations financières de chaque société dans le viseur avant d'investir. Il faut en effet s'assurer qu'année après année le bénéfice net par action (BNPA) couvre bien le montant du dividende. Ou encore que les bénéfices sont au moins stables chaque année.

Bien que toutes les données concernant les dividendes versés ainsi que l'historique de celui-ci soient publics, il peut être fastidieux de devoir compiler toutes les données. Aussi, j'ai réalisé un tableau de comparaison des "meilleures dividendes 2019" pour les sociétés du CAC 40, mais aussi pour celles du SBF 120.

En ce qui me concerne, je préfère me positionner sur de "grosses" sociétés. Certes, l'espérance de plus-value à terme est réduite, mais comme ce qui m'intéresse ce sont les dividendes, j'estime que mon portefeuille est plus "sûr" en étant composé de "poids lourds" de la côte plutôt que de "petits poucets".

                Par la suite

Une fois les choix de sociétés effectués, le moment sera venu de commencer à les intégrer au sein de votre portefeuille :

  • Pour cela, veillez à ce que ce dernier soit suffisamment diversifié. Au moins au niveau sectoriel. Cela signifie qu'avoir 5 banques (par exemple) dans une portefeuille de 10 lignes, c'est beaucoup trop.
  • Concernant le nombre de lignes du portefeuille, j'estime qu'il en faut au minimum 15 ou 20, afin de pouvoir obtenir une diversification correcte.
  • Je conseille également de ne pas investir tout son capital en une seule fois. Il est clairement préférable d'étaler les investissements sur quelques semaines ou quelques mois, afin de lisser son Prix de Revient Unitaire (PRU).
  • Une stratégie dividendes devant se construire sur du long terme, il est préférable d'investir de nouvelles sommes régulièrement, peu importe que le marché ait baissé ou augmenté. Là encore, cela permet de lisser son PRU avec le temps.

Conclusion

Pour terminer sur les dividendes il faut retenir qu'il s'agit, pour les actionnaires, d'une forme de rémunération de leur investissement financier. Tout comme les salariés bénéficient de leur salaire en guise de rémunération de leur investissement personnel dans l'entreprise.

Mais le plus important est que n'importe qui peut mettre en place une telle stratégie et percevoir chaque année des dividendes. Y compris avec des ressources financières limitées. Il est évident que le dividendes ne rendront pas riche celui qui les touchera, mais c'est un plus tout à fait appréciable.